La Chouette d’Or, Donjons & Dragons, The Campaign For North Africa, Assassin’s Creed et tant d’autres franchises… Certains jeux ou certaines parties n’en finissent pas. Penchons-nous sur les enjeux derrière ces formes ludiques qui défient le temps !
Vous avez sans doute entendu parler de La Chouette d’Or. Que ce soit en 2021 grâce à la mise en lumière de Konbini ou via le livre original et sa page Minitel… Le recueil d’énigmes « Sur la trace de la chouette d’or » a connu trois éditions. La première est parue en 1993, peu de temps après que Max Valentin, cocréateur de la chouette d’or, ait enterré cet oiseau de malheur (si l’on revient à sa symbolique d’antan) à 80 centimètres en dessous du sol, dans un endroit connu de lui seul. Même son compère, Michel Becker, ne connait pas l’emplacement où la contremarque en cuivre de cet animal a bien pu être enfouie. Pourtant, en sa qualité d’artiste peintre & sculpteur, c’est bien lui qui a conçu la chouette…
D’une valeur de minimum 150 000 €, nous pourrions nous appesantir un long moment sur l’œuvre mais nous avons choisi de porter notre regard sur les aspects sociaux et ludiques derrière cette chasse au trésor qui va bientôt fêter ses 30 ans. Le jeu aurait pu prendre fin depuis 10, 20 ou 25 ans mais sachez que ce n’est pas le cas. Bientôt 30 ans que la chouette d’or a été mise sous terre, mais personne n’est parvenu à résoudre les onze énigmes menant au point exact où celle-ci réside. Tout cela confère au trésor un caractère d’immuabilité assez touchant. En trois décennies (ou presque), le monde, la société, n’ont cessé d’évoluer, de se muer. Le lieu où est cachée l’œuvre pistée par plus de 200 000 « chouetteurs » et « chouetteuses » a forcément connu bien des pas, secousses et orages. Depuis 1993, des êtres ont été mis au monde, alors même que d’autres nous quittaient, comme Max Valentin, un certain 23 avril 2009.
Michel Becker, a encore la chance de suivre les pérégrinations des nombreux chouetteur.se.s. Le 23 avril 2022, date hommage à son partenaire, il donna une conférence sur le serveur Discord de la Chouette. Temps fort incontournable pour tous les membres encore impliquées dans la chasse, qu’iels le soient depuis quelques mois ou plus de vingt ans, les quatre heures partagées avec les chouetteur.se.s ont permis d’éclaircir certaines énigmes et pistes développées par la communauté qui a commencé sur Minitel, en passant par les forums jusqu’à désormais investir une plateforme aussi moderne que Discord.
Symbole des rapides évolutions technologiques, cette course aux plumes fut aussi pour certain.e.s un véritable calvaire. Dans le reportage de Konbini, Michel Becker confesse qu’il a entendu parler de divorce, de personnes brisées par le jeu. Et cela peut se comprendre tant une démarche de résolution d’énigme, de mystère, peut obséder. Quelques individus y ont consacré des milliers d’heures à remplir des carnets ou faire des kilomètres à travers l’hexagone pour enquêter et creuser des trous. Toujours en vain, comme Kaspius (interviewé par Konbini), qui creuse son centième trou devant la caméra. Jusqu’au dernier moment, accompagné de son fils, il place tous ces espoirs dans ce qui lui semble être le coffre au sein duquel a été déposée la contremarque de la chouette. Sans surprise, le rollercoaster émotionnel de la journée s’achève sur une note déceptive lorsqu’ils réalisent que Kaspius n’a heurté qu’un gros caillou en creusant au milieu de la forêt. La journée prend fin assez tristement, mais à chaque jour son espoir…